Lexique du domaine Sciences humaines et sociales     PDF

 

Acteurs : individus, groupes ayant des rôles différents, et donc des représentations et des intentions différentes. Prendre en compte les acteurs implique de reconnaître l'aspect subjectif de certaines décisions humaines. En géographie humaine où l'on considère que l'espace est façonné par la société qui l'occupe, on s'intéresse plus particulièrement aux représentations, intentions et décisions qui le concernent.

Contextualisation : mise en relation d'une action, d'un fait avec les circonstances temporelles, spatiales, sociales, culturelles,… dans lesquels ils se sont produits. Comprendre les faits ainsi que les actions, décisions ou représentations humaines dans leur contexte est un préalable à toute interprétation et permet de tenir compte des spécificités et de l'univers mental particulier à chaque société étudiée et ainsi d'éviter les anachronismes ou les généralisations abusives.

Cycle (Histoire) : suite de phénomènes, d'événements, se renouvelant dans un ordre immuable et à un rythme régulier (biologique, quotidien, saisonnier,…) ; il s'agit de «temps cyclique», alternative au temps «linéaire». C'est à partir de l'intuition d'un temps cyclique que l'être humain organise la réalité collective et les rituels temporels qui scandent la vie sociale (cf. Irréversibilité).

Diffusion : en Sciences humaines, propagation des connaissances, des idées, des biens,… Les innovations, les modes de développement économique ou les approches culturelles se propagent selon certains rythmes et cheminements (flux, réseaux, limites). Temps et espace sont donc intimement liés. Les processus ne se déroulent pas forcément de la même manière si l'on a affaire à des hommes (migrations), à des objets ou à des informations.

Durée (Histoire) : persistance d'un phénomène dans le temps ; continuité, permanence temporelle d'une réalité. La durée peut être perçue de façon subjective ou mesurée de façon objective. Trois durées de l'histoire sont identifiées, chacune apportant une compréhension de la situation historique étudiée :

  • la durée longue qui caractérise l'histoire presque immobile, dont les évolutions sont quasiment imperceptibles (mentalités,…);
  • la durée moyenne qui caractérise l'histoire sociale (conditions matérielles, cycles économiques,…);
  • la durée courte qui caractérise l'histoire événementielle.

Échelle (Géographie) : (concept d'~) ordre de grandeur utilisé pour comprendre une problématique. La compréhension d'une problématique géographique peut varier selon l'échelle considérée (locale, régionale, mondiale); il est donc nécessaire de combiner les échelles d'analyse. Il ne s'agit pas ici du rapport mathématique entre la réalité et sa représentation sur une carte.

Espace familier (Géographie) : espace auquel l'élève est habitué et où il se sent en sécurité (classe, école, maison). Il est le lieu propice à des activités autonomes.

Espace proche (Géographie) : espace situé dans un certain rayon autour de l'école. L'espace proche peut être fréquenté par la classe ou vécu par les élèves (mais ne l'est pas forcément). Il s'oppose aux espaces lointains qui ne peuvent pas être fréquentés par la classe, mais qui peuvent être vécus par certains enfants (dont on exploitera le témoignage) ou médiatisés par des images ou représentations (Paris, la tour Eiffel,…).

Espace produit (Géographie) : tout espace est le produit d'une société. Le fonctionnement de celle-ci, qui, en soi, est invisible, se matérialise partiellement dans l'aménagement de l'espace. L'étude de l'espace est donc indissociable de celle de la société qui l'occupe et le façonne, ou qui l'a occupé et façonné par le passé. Le concept d'espace produit est central dans les cycles 2 et 3. Il sous-entend que tout espace est le produit ou le résultat de décisions, de besoins pris en compte, d'initiatives d'acteurs particuliers,… Cette manière de penser l'espace établit des liens forts entre une société et l'espace qu'elle occupe.

Espace vécu (Géographie) : espace que l'élève a l'occasion de parcourir dans sa vie; l'espace vécu est singulier à chaque élève (selon son lieu d'habitation, ses activités hors temps scolaire et les déplacements de sa famille en Suisse ou dans le monde). Il englobe évidemment l'espace familier mais ne s'y restreint pas. L'espace vécu se prête à l'expression de chaque élève en particulier, expression qui peut se faire deux par deux («je t'explique comment venir chez moi»; «je t'explique comment était le lieu de mes vacances»). Pour travailler sur un espace vécu commun à tous les élèves, on exploitera les espaces fréquentés (ou visités, ou parcourus) ensemble, durant la vie de classe (patinoire, piscine, espace vert, promenade d'école,…). L'espace fréquenté devient un espace que l'on peut soumettre à une analyse (par exemple en s'interrogeant «pourquoi là ?»).

Flux (Géographie) : mouvement ou échange en grand nombre (de personnes, d'argent, de biens, de services ou de ressources) (cf. Réseau).

Histoire savante (Histoire) : recherche et production historiques issues des méthodes scientifiques propres aux historiens.

Intentionnalité : ensemble des intentions, des objectifs, des positions et attitudes pris par les acteurs en fonction de leurs représentations et de leurs intérêts concernant une situation donnée, ou – en Géographie – un espace donné. C'est au travers des actions, des prises de position et des choix des acteurs que l'on peut percevoir leurs intentionnalités.

Interaction : action ou influence réciproque qui peut s'établir entre des phénomènes. Un phénomène n'est pas lié à une seule cause ou à une seule conséquence; plusieurs éléments se combinent de façon complexe (cf. Systémique).

Irréversibilité (Histoire) : caractère de ce qui ne revient pas, ne se répétera jamais de la même façon : le passé révolu est définitif ; on parle de «temps linéaire». D'une manière générale, c'est l'existence de phénomènes irréversibles qui permet de fixer le sens de l'écoulement objectif du temps (cf. Cycle).

Localisation (Géographie) : (concept de) positionnement des éléments et phénomènes dans l'espace; ce positionnement se définit à plusieurs échelles (locale, régionale,…). Il s'agit également des raisons justifiant cet emplacement : conditions naturelles, économiques, politiques, sociales, culturelles.

Mémoire (Histoire) : capacité d'un individu ou d'un groupe humain de se souvenir des faits passés et ce souvenir lui-même. La mémoire individuelle est fondée sur l'expérience de la personne; la mémoire collective est partagée, transmise et construite par le groupe ou la société. La mémoire se distingue de l'histoire par le fait qu'elle n'est pas en quête d'universalité dans sa manière de se référer au passé. Elle consiste en effet à se remémorer des aspects précis du passé et à lutter contre leur oubli. La mémoire donne la trace présente de ce qui est absent puisque passé. Cela pose alors le problème de la frontière entre le réel et l'imaginaire car le rapport avec l'antériorité amène la question de ses représentations. En opposition à la mémoire, l'histoire vise une certaine objectivité.

  • Travail de mémoire : élaboration collective de tous les témoignages, sources,… visant à compiler de la façon la plus exhaustive possible un thème donné.
  • Devoir de mémoire : obligation pour la société d'entretenir la mémoire des persécutions passées ; le devoir de mémoire intègre des notions de respect, de leçons à tirer de l'Histoire et de la nécessité d'une commémoration des faits évoqués.

Mythe (Histoire) : récit légendaire mettant en scène des personnages imaginaires (dieux, héros, éléments naturels,…); ensemble de croyances, de représentations idéalisées autour d'un personnage, d'un phénomène, d'un événement historique, d'une technique et qui leur donne une force, une importance particulière; représentation amplifiée, déformée par l'imaginaire collectif; croyance répandue mais infondée. Certains mythes fondent le lien social. Les mythes répondent à une propension de la mémoire collective pour le merveilleux et l'héroïsme :

  • merveilleux (le) : climat étrange dans lequel s'inscrivent certaines évocations du passé ou certaines actions humaines.
  • héroïsme : comme sentiment de supériorité nationale, culturelle, constitue la part d'illusion qui entoure les actions humaines pour rassurer, flatter ou contourner l'histoire.
  • légende : récit populaire où se mêlent réel et merveilleux.

Périodisation (Histoire) : démarche entreprise par un historien pour découper un temps donné en moments significatifs, séparés par des ruptures, eu égard aux critères qu'il se donne. Les grandes périodes de l'Histoire (Antiquité, Moyen Âge, Temps modernes, Époque contemporaine) organisent notre représentation du passé humain. Elles sont des constructions culturelles dont la pertinence n'est pas universelle. Le découpage du temps en un certain nombre de périodes permet l'organisation de la complexité du passé.

Polarisation (Géographie) : (concept de) concentration d'activités en certains lieux. L'espace est hiérarchisé; à toutes les échelles, il s'organise en pôles et périphéries. C'est le résultat de décisions humaines qui amènent des concentrations d'activités en certains lieux et donnent à ceux-ci une position géographique permettant l'exercice de fonctions déterminées (sur le plan politique, économique, social ou culturel).

Problématique : ensemble des questions concernant un domaine de connaissance.

Problématisation : étape d'une démarche pédagogique ou de recherche qui consiste à lister les interrogations, les hypothèses, les caractéristiques ou les éléments connus en lien avec une question ou une situation donnée, puis à les organiser, les relier ou les hiérarchiser afin de dégager des unités de travail.

Reconstitution (Histoire) : évocation d'un événement, d'une époque ou d'un mode de vie du passé en s'appuyant sur un environnement matériel (maquettes réelles ou virtuelles, objets,…) reproduisant celui de la période concernée. Une reconstitution peut prendre la forme de manifestations (fêtes médiévales, mise en scène d'événements, restauration de château,…) ou la réalisation d'ouvrages de vulgarisation, de documentaires et films à caractère historique.

Représentation (Géographie) : image mentale d'une réalité. Les Hommes se représentent l'espace différemment, selon leurs contextes. Ce sens se distingue de la représentation graphique ou schématique d'un espace.

Réseau (Géographie) : dispositif spatial qui permet la circulation de matières, de biens, de personnes ou d'informations. Un réseau est composé de points (ou nœuds) et de lignes (ou liens) connectés de manière plus ou moins hiérarchique ou polarisée.

Révolution (Histoire) : forme de rupture durable ou décisive dans différents domaines (économique, social, juridique, politique, culturel,…); la révolution change une configuration antérieure en un ordre autre.

Rupture (Histoire) : événement qui commence et/ou met fin à une durée, amenant un changement, pas forcément durable, mais qui définit un avant et un après .

Sources (Histoire) : origine d'une information ; bases, écrites ou non, sur lesquelles l'historien s'appuie pour construire son travail ; les sources peuvent être partiellement fausses ou déformées.

Sources premières (ou primaires) (Histoire) documents sensés être contemporains des faits qu'ils relatent (journaux intimes, lettres, photographies, œuvres d'art, vidéos et films, enregistrements sonores, journaux, témoignages directs,…).

Sources secondes (ou secondaires) (Histoire) : témoignages de seconde main ; elles portent cette dénomination parce qu'elles sont postérieures aux événements ; elles se réfèrent parfois aux sources premières, qu'elles peuvent utiliser, interpréter, parfois déformer ; elles peuvent également être des copies de textes originaux, réécrits avec leur lot d'erreurs ou d'interprétations.

Systémique ou analyse systémique : démarche prenant en compte les différents acteurs, phénomènes, espaces et leurs interactions. Un système est complexe (mais pas forcément compliqué) dans le sens qu'il fait intervenir de multiples éléments.

Temps (Histoire) : représentation à la fois de la durée et de l'époque.

Temps évoqué (Histoire) : temps vécu par d'autres; transmis sous forme de témoignages oraux ou écrits, ou de reconstitutions permettant l'évocation du passé.

Temps historique (Histoire) : temps passé (histoire des hommes), celui dont il reste des traces, support du travail de l'historien.

Temps mesuré (Histoire) : construction culturelle, élaborée en partie grâce à l'observation de la nature ; il est lié aux activités sociales.

Temps vécu (Histoire) : temps que chacun vit; construit et rythmé par les activités de chacun, individuellement et socialement.

Trace (Histoire) : élément résiduel du passé, officiel ou privé, volontaire ou non, observable aujourd'hui.

Transition (Histoire) : laps de temps où interviennent plusieurs événements marquant la rupture avec la période précédente et préparant la période suivante.